Trois jeunes gens se rencontrent lors d'une traversée de l'Atlantique sur un paquebot nommé Impératrice des Indes. Venant d'horizons très divers, ils ont chacun une raison bien personnelle de larguer les amarres et de travailler sur ce bateau pour s'éloigner de pères problématiques. Ainsi se nouent les fils d'un beau récit plein d'humanité, véritable saga qui entraîne le lecteur de Kaboul à New York, en passant par Genève, où se déroule l'histoire de la famille Manoir, brisée par la mort prématurée de la mère de Gaspard et la mélancolie de son père Rodolphe. Seule Charlotte, grand-mère pleine de fantaisie, donne au jeune garçon l'impulsion nécessaire pour se défaire de liens trop lourds.
Harry Koumrouyan, ancien professeur genevois de littérature française, qui met à profit sa retraite pour inventer des histoires familiales complexes et émouvantes, poursuit dans ce deuxième roman une exploration qui avait commencé avec Un si dangereux silence (16.2 KOUM 1, très bien accueilli par le public en 2016. L'un des personnages de ce premier opus, le jeune violoncelliste Joseph Landolt, réapparaît d'ailleurs à la fin du livre, à New York. Il se lie d'amitié avec Raffy, lui aussi d'origine arménienne, et fait, dans des circonstances dramatiques, la rencontre improbable de Maria Encarnacion del Rio, belle figure d'une mama dominicaine dont la brusquerie cache un coeur plein de compassion.
Article paru dans "Société de lecture de Genève", juin 2018